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25/01/2012

Les librairies des théâtres.

Où trouver à Paris vos livres consacrés aux arts vivants ?

Vous pouvez toujours vous rendre à la Fnac, notamment celle des Halles qui est plus fournie que les autres mais il existe d’autres endroits dans Paris, beaucoup plus intimes où vous trouverez plus facilement l’ouvrage rare et où vous serez certainement mieux conseillé : il s’agit des librairies spécialisées en théâtre et les librairies des théâtres. 

Vous avez certainement remarqué, les théâtre proposent de plus en plus aux spectateurs – avant et après – le spectacle un point de vente librairies. Il s’agit souvent d’un service supplémentaire aux publics pour leur permettre de trouver les textes des pièces présentés et des ouvrages en rapport avec les thèmes traités. C’est le même principe que pour les musées qui propose des souvenirs en lien avec la visite que vous venez de faire. 

Vous trouverez des points de vente qui ne sont ouverts que pour les représentations. En général ce n’est pas le théâtre qui s’en occupe sauf pour l’Odéon et pour Chaillot (libraires salariés par le théâtre).

Il existe également des libraires qui gèrent le fonds des librairies des théâtre. Il s'agit en réalité d'annexes de librairies déjà existantes comme la librairie du Théâtre du Lucernaire qui est tenue par les éditions l'Harmattan qui propose tous les soirs de représentations des livres rares sur le domaine des arts et de la culture, puisque le Théâtre a été racheté par ces derniers en 2004.

Le cas de la librairie du Théâtre du Rond Point est particulièrement intéressant parce qu’il s’agit pour le coup d’une véritable librairie théâtrale. Son fonds est particulièrement riche (plus de 10 000 références) et la librairie présente l’actualité du théâtre du Rond Point mais aussi l’actualité des spectacles à l’affiche dans les autres théâtres parisiens. Ce sont les éditions Actes Sud qui gère cette librairie consacrée aux Arts de la Scène : pièces contemporaines, pièces du répertoire, biographies, essais, textes critiques, revues, DVD, danse, cirque, théâtre de rue, marionnettes et un grand espace jeune avec des albums, des contes et des pièces pour les jeunes comédiens. Et vous pouvez même y commander les livres que vous souhaitez. Endroit particulièrement agréable, la librairie du Théâtre du Rond Point est un lieu d’échanges et de rencontres.

Plus d'infos sur www.librairiedurondpoint.fr

 Mathilde Gautier

16:09 Écrit par Mathilde Gautier dans Livres à lire | Commentaires (0) | Tags : librairie, mathilde gautier, théâtre |  Facebook | |  Imprimer | |

16/12/2011

Cendrillon à Paris.

Décembre 2011. Paris. Cendrillon est à l'honneur dans la capitale. Le conte de Charles Perault est revisité par deux spectacles exceptionnels : l'un mise en scène au Théâtre de l'Odéon par Joël Pommerat, l'autre chorégraphié par le défunt Rudolph Noureev à l'Opéra Bastille (livret de Sergueï Prokofiev).

L'un est du théâtre, l'autre un ballet. L'un s'attache au chemin initiatique de l'enfant vers l'âge adulte, l'autre décrit la magie d'une époque où le cinéma hollywoodien créait la magie. Dans les deux cas, le spectacle vaut le détour. 

Si vous ne les avez pas vus, rassurez-vous, Cendrillon de Joël Pommerat sera en tournée en 2012 en France et en Belgique. Et Cendrillon de Noureev est un classique que l'Opéra de Paris saura remettre au goût du jour... 

Cendrillon de Noureev/Sergueï Prokofiev.

Le ballet de Noureev est connu depuis sa création pour l'Opéra Bastille en 1986. Léger, drôle et fait de paillettes, il revisite les codes de la danse classique avec des mouvements très cassés, de la couleur et l'apparition de danseurs transexuels. Traité sur le mode de la comédie musicale, il présente une Cendrillon qui rêve d'être une star de cinéma au bras de son prince. Quant au prince, il cherche chaussure à son pied, au sens littéral du terme, puisqu'il fait la tournée des cabarets : après avoir séduit celle qu'il pense être Cendrillon, il lui fait essayer sa chaussure sans qu'elle puisse entrer dedans et la rejette par conséquent, en quête d'une nouvelle Cendrillon qui aura la pointure parfaite.

Le conte a cela de cruel qu'il laisse croire aux petites filles qu'en embrassant un crapaud, il deviendra prince. En réalité, il faut croire que les princes n'existent pas (sauf au cinéma) mais que les crapauds, eux, existent bel et bien ! 

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Cendrillon de Joël Pommerat.

Joël Pommerat nous offre un nouveau spectacle tout à fait réussi dans lequel on retrouve tous ses subterfuges, jeux de lumière et noirceur qui provoquent cette ambiance froide et raffinée qui lui est propre. Les spectacles de Joël Pommerat sont toujours à la limite du pire de ce dont est capable l'Humanité. Toujours drôles, toujours cyniques, ses spectacles s'attachent d'habitude à peindre un tableau redoutable du monde du travail et aux souffrances absurdes des individus incapables de vivre respectueusement entre eux. 

Ici, il nous offre un spectacle sur le parcours initatique d'une jeune fille qui a perdu sa mère trop jeune et qui croit qu'il faut toujours penser à elle pour continuer à la faire vivre. Plutôt que de vivre sa propre vie, elle se réfugie dans une pensée obsédante dont elle pense qu'elle la sauvera de son chagrin, d'un deuil qui n'a pas été fait, d'un père maladroit qui ne sait pas l'aimer et de la peur de grandir. Débordée par son imagination, elle s'invente un monde pour échapper à une réalité trop violente. Elle grandit pourtant dans une famille recomposée, avec une belle-mère totalement autocentrée, tyrannique pour ne pas dire histrionique, et des soeurs bêtes et insipides. Tous ces personnages sont d'une vérité déconcertante. Joël Pommerat réussi là encore à décrire des comportements humains avec cette franchise décalée qui caractérise si bien son travail.

Sandra, dénommée tout d'abord Cendrier par ses méchantes soeurs à cause de l'odeur des cigarettes que son père fume toute la journée, deviendra accidentellement Cendrillon pour son prince. Ce prince qui n'a jamais autrement vécu que reclu par peur d'affronter le monde et la vérité de la mort de sa mère. Ces deux jeunes adolescents se retrouvent soudainement face à face, face à un désir déconcertant de jeunes enfants qui découvrent un désir d'adulte dans le regard de l'autre. Ce désir passe aussi par un deuil commun, le deuil de leur mère et le deuil de leur enfance. L'un et l'autre, ensemble, parviendront à accepter leur vérité : celle de la mort, de l'acceptation de la perte et de la découverte de l'autre. Un beau spectacle vers la lumière. 

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® Cici Olsson

Mathilde Gautier

23/10/2011

Vanité au cadran solaire.

Vanite-au-Cadran-Solaire-320.jpgVanité au cadran solaire, 1630, huile sur toile, 0,66x0,85m. Sébastien Stoskopff. Musée du Louvre.

La vanité est un genre de nature morte très à la mode au XVIIIe siècle, période baroque dans toute l'Europe. Elle prend ses sources dans l'Ancien Testament avec l'Ecclésiaste (Ecclésiaste 1,2) : "Vanitas vanitatum et omnia vanitas". "Vanité des vanités, tout est vanité (...) Une génération s'en va, une génération arrive, et la terre subsiste toujours."

Quelle est cette étrange "nature morte", dans laquelle un sentiment de néant, d'angoisse, de silence mortel, envahit la toile ? Et comment expérimentons nous ces sensations à la vision de ce tableau ? Serait-ce le crâne posé là comme si de rien n'était parmi des livres entassés, crâne qui à l'origine est censé être celui d'Adam, le premier homme. Ce même crâne qu'on retrouve aux pieds du Christ, sur le Mont Golgotha, dans les scènes de crucifixion des peintures de la Renaissance. Il est présent pour faire remarquer que le Christ a souffert pour le rachat des hommes, depuis la fuite du Paradis causée par le pêché originel. Le crâne des vanités nous remémore, suite à ce lointain épisode, que nous sommes tous mortels et tous pêcheurs. Ce crâne est là pour rappeler au spectateur du XVIIIe siècle que, suivant les croyances de l'époque, il s'agit de ne pas céder au vice afin de découvrir le vrai sens de la vie : il est préférable d'emprunter le chemin de la sagesse (la connaissance) plutôt que celui des illusions (le plaisir des sens) car le temps est compté, et l'homme doit gagner son paradis.

En ce qui concerne le vieux cadran solaire à gauche, il semble être devenu inutile dans cette toile figée, dans une atmosphère ténébreuse. Quant à cette dernière, telle une estrade de théâtre, ne nous invite-t-elle pas à venir jouer un rôle dans cette scène ? A faire vivre un instant cette oeuvre inerte que l'on appelle Vanité ? La vie est une pièce de théâtre dont nous sommes les acteurs, dont l'acmé est la prise de conscience de ce que nous sommes et vers quoi nous allons, le dernier acte la connaissance et, la fin ultime, la mort. Cette toile du peintre français Stoskopff présente justement une analogie frappante avec le théâtre de l'époque dit "baroque" qu'il soit shakespearien (britannique) ou calderonien (espagnol). Il conserve néanmoins les éléments essentiels qui composent la vanité : le temps, la mort, la musique, les sens...

Tous les éléments qui composent la vanité sont là pour nous rappeler que la vie est éphémère : le temps, la mort, la musique, les sens. Sens, que l'on retrouve ici d'une certaine façon par la présence des livres : sensuels par le toucher des pages, l'odeur qu'ils prennent au fil des jours, la lecture qui recquiert la vue, ou l'ouïe pour un auditoire. Sensations qui nous trompent sur le moment car elles sont immatérielles, tout comme le temps qui passe (on retrouve les traditionnels cadran solaire et crâne sur la gauche du tableau). Celui qui troque le plaisir des sens contre la sagesse (savoir incarné ici par les livres) comme Hamlet ou Sigismond dans La vie est un songe (héros dramatique de la dite oeuvre de  Calderon de la Barca), laquelle mène à la connaissance, sera finalement sauvé puisque, par Dieu, il gagnera le Paradis.

On retrouve cette représentation du temps qui passe et de la mort dans la gravure de Laurent de la Hyre (1526) reproduite au premier plan. Il s'agit du centaure Marsyas, qui, pour avoir mieux joué qu'Apollon de la fûte fut écorché vif sur l'ordre de ce dernier. Cet épisode de la mythologie relaté par Ovide dans Les Métamorphoses n'a pas été choisi par hasard lorsque l'on sait que cette oeuvre se présente sous la forme d'un calendrier, reflet même du temps qui s'écoule mais revient toujours....

m051202_0005896_1.jpgApollon et Marsyas, Estampe, 1526. Laurent de la Hyre. Musée des Beaux Arts de Nancy.

Il est exactement question du principe calderonien du "théâtre dans le théâtre", dit "autoréférenciation" : il s'agit d'une représentation dans la représentation. La composition même de l'oeuvre est une mise en scène : il y a cette impression d'espace clos où la lumière ne pénètre pas, comme si nous étions face à une boîte. A cela s'ajoute que lorsque nous contemplons le tableau, c'est notre condition humaine que nous voyons.

Mais attention ! Le rideau rouge sur le côté droit, derrière lequel on a découvert à l'exploration radiographique que se dissimulait une Vierge à l'Enfant, va bientôt se refermer sur ce mauvais rêve qu'est la mort. Après tout, "la vie n'est peut-être qu'un songe"... 

Mathilde Gautier.

Mars 2001.

08:51 Écrit par Mathilde Gautier dans Sémiotique et analyse d'images | Commentaires (2) | Tags : vanité, theatre |  Facebook | |  Imprimer | |