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08/01/2012

Circus Incognitus.

de Jamie Adkins au Théâtre de la Cité internationale jusqu'au 29 janvier. 

D'une légerté délicieuse, le clown Jamie Adkins nous offre une heure de magie et de rires espiègles d'enfants.

Si le spectacle est dans la lignée de ce qu'on appelle "le cirque contemporain", on retrouve les artéfacts du clown : la mallette en fer, les mimiques emprûntées au bugs bunny de notre enfance, les bretelles et le chapeau rond du clown des cirques d'antan.

L'histoire est celle d'un personnage qui aimerait faire un discours mais il n'arrive jamais à prendre la parole, car la peur le conduit à des situations absurdes et à des pitreries rocambolesques. 

Le clown se détourne donc toujours de ce qu'il veut nous dire et laisse finalement la parole à ce corps souple et ingénueux qui entre véritablement en interaction avec un public hilare. 

Ces numéros successifs d'acrobate, de jongleur et d'équilibriste sont d'une grande technique et finesse. Ici, pas besoin d'artéfact technologique : la simplicité sert un spectacle d'une rare poésie. De quoi vous donner le sourire un jour de janvier un peu gris... 

M.G.

13:08 Écrit par Mathilde Gautier dans Spectacles | Commentaires (0) | Tags : mathilde gautier, spectacle |  Facebook | |  Imprimer | |

16/12/2011

Cendrillon à Paris.

Décembre 2011. Paris. Cendrillon est à l'honneur dans la capitale. Le conte de Charles Perault est revisité par deux spectacles exceptionnels : l'un mise en scène au Théâtre de l'Odéon par Joël Pommerat, l'autre chorégraphié par le défunt Rudolph Noureev à l'Opéra Bastille (livret de Sergueï Prokofiev).

L'un est du théâtre, l'autre un ballet. L'un s'attache au chemin initiatique de l'enfant vers l'âge adulte, l'autre décrit la magie d'une époque où le cinéma hollywoodien créait la magie. Dans les deux cas, le spectacle vaut le détour. 

Si vous ne les avez pas vus, rassurez-vous, Cendrillon de Joël Pommerat sera en tournée en 2012 en France et en Belgique. Et Cendrillon de Noureev est un classique que l'Opéra de Paris saura remettre au goût du jour... 

Cendrillon de Noureev/Sergueï Prokofiev.

Le ballet de Noureev est connu depuis sa création pour l'Opéra Bastille en 1986. Léger, drôle et fait de paillettes, il revisite les codes de la danse classique avec des mouvements très cassés, de la couleur et l'apparition de danseurs transexuels. Traité sur le mode de la comédie musicale, il présente une Cendrillon qui rêve d'être une star de cinéma au bras de son prince. Quant au prince, il cherche chaussure à son pied, au sens littéral du terme, puisqu'il fait la tournée des cabarets : après avoir séduit celle qu'il pense être Cendrillon, il lui fait essayer sa chaussure sans qu'elle puisse entrer dedans et la rejette par conséquent, en quête d'une nouvelle Cendrillon qui aura la pointure parfaite.

Le conte a cela de cruel qu'il laisse croire aux petites filles qu'en embrassant un crapaud, il deviendra prince. En réalité, il faut croire que les princes n'existent pas (sauf au cinéma) mais que les crapauds, eux, existent bel et bien ! 

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Cendrillon de Joël Pommerat.

Joël Pommerat nous offre un nouveau spectacle tout à fait réussi dans lequel on retrouve tous ses subterfuges, jeux de lumière et noirceur qui provoquent cette ambiance froide et raffinée qui lui est propre. Les spectacles de Joël Pommerat sont toujours à la limite du pire de ce dont est capable l'Humanité. Toujours drôles, toujours cyniques, ses spectacles s'attachent d'habitude à peindre un tableau redoutable du monde du travail et aux souffrances absurdes des individus incapables de vivre respectueusement entre eux. 

Ici, il nous offre un spectacle sur le parcours initatique d'une jeune fille qui a perdu sa mère trop jeune et qui croit qu'il faut toujours penser à elle pour continuer à la faire vivre. Plutôt que de vivre sa propre vie, elle se réfugie dans une pensée obsédante dont elle pense qu'elle la sauvera de son chagrin, d'un deuil qui n'a pas été fait, d'un père maladroit qui ne sait pas l'aimer et de la peur de grandir. Débordée par son imagination, elle s'invente un monde pour échapper à une réalité trop violente. Elle grandit pourtant dans une famille recomposée, avec une belle-mère totalement autocentrée, tyrannique pour ne pas dire histrionique, et des soeurs bêtes et insipides. Tous ces personnages sont d'une vérité déconcertante. Joël Pommerat réussi là encore à décrire des comportements humains avec cette franchise décalée qui caractérise si bien son travail.

Sandra, dénommée tout d'abord Cendrier par ses méchantes soeurs à cause de l'odeur des cigarettes que son père fume toute la journée, deviendra accidentellement Cendrillon pour son prince. Ce prince qui n'a jamais autrement vécu que reclu par peur d'affronter le monde et la vérité de la mort de sa mère. Ces deux jeunes adolescents se retrouvent soudainement face à face, face à un désir déconcertant de jeunes enfants qui découvrent un désir d'adulte dans le regard de l'autre. Ce désir passe aussi par un deuil commun, le deuil de leur mère et le deuil de leur enfance. L'un et l'autre, ensemble, parviendront à accepter leur vérité : celle de la mort, de l'acceptation de la perte et de la découverte de l'autre. Un beau spectacle vers la lumière. 

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® Cici Olsson

Mathilde Gautier

26/09/2011

Magnifique Ossyane.

Ossyane est cet homme libre et curieux de parcourir le monde. On le découvre jeune et enthousiaste, au point de convaincre sa soeur et son père de partir pour la vieille Europe y étudier la médecine. Il quitte son Liban natal et s'installe au sud d'une France aux prémices d'une terrible guerre. Cette haine contre laquelle il résistera toujours et qui la conduira à l'amour malgré la folie qui finira par s'emparer de lui.

Cette histoire d'amour imprégnée de l'Histoire est présentée comme des tableaux de vie. La mise en scène rythmée selon une temporalité cinématographique nous conduit à une perte de repères dans laquelle sera d'ailleurs plongé Ossyane au fil de la pièce. Mais, au delà d'une mise en scène très habile, la force de ce spectacle nait d'une très forte complicité entre les acteurs et de leur interprétation entièrement vouée au texte qu'ils servent parfaitement.

De ce spectacle, on n'en ressort pas indemne. L'histoire prend aux tripes, les larmes montent aux yeux et l'émotion est profonde au point d'en perdre ses mots durant quelques minutes. Peu de spectacles m'ont fait cet effet. Seul Le Dernier caravansérail d'Ariane Mouchkine avait provoqué une telle vague émotionnelle... Cette vague ne submerge pas seulement parce que l'histoire nous en évoque d'autres, mais aussi parce que nous ressentons alors quelque chose qui nous fait sortir de notre quotidien et nous rappelle pourquoi nous sommes ici.

M.G.

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"Ossyane" de Grégoire Cuvier / © Christophe Henry

 

Jusqu'au 16 octobre 2011 au Théâtre 13

Ossyane d’après Amin Maalouf
mise en scène Grégoire Cuvier

Avec Christine Braconnier, Jean-Marc Charrier, Christophe Chêne-Cailleteau, Olivier Cherki, Audrey Louis, Yvon Martin et Stéphane Temkine

D’après le roman Les Echelles du Levant d’Amin Maalouf de l’Académie française, paru aux éditions Grasset (1996).

Plus d'informations sur la compagnie : Théâtre de chair.

La bande annonce du spectacle.

10:15 Écrit par Mathilde Gautier dans Spectacles | Commentaires (0) | Tags : théâtre, mathilde gautier |  Facebook | |  Imprimer | |