Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/04/2012

Au-delà du spectacle

Au-delà du spectacle est une exposition qui a eu lieu au Centre Pompidou à Paris durant l'hiver 2001. Cette exposition rassemblait une cinquantaine d’artistes contemporains sur le thème du spectacle, de son questionnement et de son rapport avec le public. 

Au delà du spectacle faisait intervenir les publics en leur demandant d'interagir avec les oeuvres exposées : les individus sortaient alors du mode contemplatif et contribuaient à donner le statut d'oeuvre à l'oeuvre. Ainsi, lorsque le visiteur choisissait de chanter le karaoké présenté dans l'exposition, il faisait de sa voix de "l’art" ou de l'art avec sa voix. Sa performance s'inscrivait dans une démarche artistique. Ou bien encore quand le visiteur se décidait à venir danser sur la piste techno (Dance Floor de Piotr Uklanski), il se donnait en spectacle et allait même au-delà du spectacle, à  la fois spectateur et créateur de celui-ci.

L’exposition, de ce fait, illustrait les propos du situationniste Guy Debord dans La société du spectacle : "Le spectacle n’est pas un ensemble d’images, mais un rapport social entre des personnes médiatisées par des images." L’exposition montrait combien les artistes d’aujourd’hui sont partagés, pris entre la volonté de participer au spectacle, de s’infiltrer dans les rouages du "show-business", et entre celle de continuer à procéder à une démarche "authentique".

Dance Floor de Piotr Uklanski (1996) au Guggenheim de New York.

 

Au-delà de la société du spectacle, ces mises en situation de l'oeuvre d'art font aujourd'hui penser à d'autres techniques que le marketing utilise pour sublimer l'expérience dite "sensorielle". Certaines enseignes commerciales telles que la Fnac ou encore Sephora font appel au design sensoriel pour créer une interaction entre les consommateurs et la marque. Ce type de marketing fait appel aux sens du consommateurs pour le séduire. La similitude entre la vitrine interactive de la Fnac et le Dance Floor de Piotr Uklanski est frappante : expérience esthétique ou marketing ?


Vitrine interactive de la Fnac ByVolta (agence de design sensoriel)

21/11/2011

De l'alliesthésie à la culture...

Hanna Arendt dans son essai sur La crise de la culture dénonce une société du loisir et du divertissement au détriment de la culture, de cette culture qui ne s'acquiert pas sans difficulté mais qui nous mène vers des territoires inconnus de la pensée, contrairement au divertissement. La culture aurait ce pouvoir de nous élever intellectuellement et de nous aider à donner un sens à la vie au sens métaphysique du terme. Pour autant je ne crois pas que la culture telle que nous l’entendons aujourd’hui soit celle dont Hanna Arendt parlait à son époque. La culture telle que nous la vivons aujourd’hui est déjà celle du divertissement. Toujours plus de films, plus de musiques, plus d’expositions, plus de livres comme l’illustre le graphique ci-dessous… on a parfois peine à suivre la productivité culturelle et esthétique. Une telle saturation de l’offre fait souvent perdre l’essentiel dans cette masse entropique. Là aussi nous serions dans une logique "consumériste" (quantité) et non pas de "délectation" (qualité).
 
alliesthésie,marketing,addiction,consommation
 
Cette offre pléthorique représente dorénavant un marché qui conduit nécessairement au marketing auquel le secteur culturel fait de plus en plus appel afin de capter de manière plus efficace la demande face à une offre toujours plus importante. Toutefois, depuis 2005, cette situation a tendance à évoluer dans un contexte économique de plus en plus difficile, de baisses de subventions et des changements structurels de la société. La production telle qu'elle était envisagée jusqu'alors a donc tendance à régresser. Le marketing est toujours là mais cette fois-ci son utilité est d’aider les professionnels à trouver de nouveaux positionnements sur un marché qui est aujourd'hui à un tournant que ce soit à un niveau économique (baisse des subventions et augmentation des coûts) ou à un niveau de pratiques d'usage (apparition du numérique). L'usage du marketing est donc très différent suivant le contexte et le besoin des personnes. Il peut ainsi être un moyen d'analyser les évolutions actuelles de la société et des individus qui la constituent. Que dit alors le marketing ? Il dit que nos consommations ont tendance à s'orienter davantage vers la qualité que vers la quantité. Pourquoi ce changement soudain alors que nous étions récemment dans une logique de consommation tous azimuts ? En réalité, un changement de production associé à une consommation ralentie par des crises économiques successives conduisent nécessairement les individus à changer leurs rapports aux objets... et à leur consommation. De plus, nos sociétés commencent à manquer de richesses et nous poussent par conséquent à consommer différemment. Ce ne sont donc pas des idéaux humanistes, ni l'éveil à une plus grande spiritualité, ou à des pensées altruistes qui transforment nos sociétés contemporaines. L'hypothèse ainsi avancée est que c'est la rareté des ressources qui nous conduira à penser différemment et non pas l'élaboration d'une nouvelle pensée qui nous conduira à consommer autrement. Pour ceux qui rêvaient d'une révolution intellectuelle, il y a fort à craindre que cela ne soit pas encore pour cette fois-ci. 
M.G.

15:12 Écrit par Mathilde Gautier dans Réflexions transverses | Commentaires (0) | Tags : marketing, culture, consommation |  Facebook | |  Imprimer | |